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La Cité des Cieux, monde des îles et des bateaux volants...
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3 août 2007

Chapitre 24, par Seth : Où on s'envole pour un spectacle de clowns

- Je ne suis pas certain que cette stratégie soit la plus optimum capitaine, lança Glendal en tripotant un manuel intitulé « petite ou grande ourse, c'est votre choix ».
- La st'atégie ! La st'atégie ! C'est bien un mot de binocla'd ça ! dit Boumie en dévorant la moitié d'une banane, peau comprise. Oh pa'don Saw...

Cependant il n'eut pas le temps de développer ses dires car Sawin, apparemment vexée lui avait envoyé une poulie rouillée qui traînait sur le pont de l'Arcadia Cependant le vent fourbe allié à l'insondable de la théorie du chaos fit que la poulie susnommée s'engouffra corps et biens dans la bouche béante de la vigie.

- Ca a le goût du poulpe sauce bergamote que me faisait ma g'and mè'e ! repris Boumie en déglutissant bruyamment. Ca me fait penser aux dentelles de Vincenzo... Ma g'and mè'e avait les mêmes...

Boumie S'essuya les yeux d'un revers de manche. Abby prit un air désespéré, Ryan résistait visiblement à un terrible fou rire, tandis que Sumire s'époumonait à l'adresse de Vincenzo.

- Mon esclave ! Tu ne vas tout de même pas te laisser insulter sans rien dire ! Tu n'es vraiment rien d'autre qu'une moitié d'homme.
- Mais il me fait peur ! répondit le mousse en remettant son faux col lila. Je ne vais pas risquer de me casser un ongle pour ce rustre sans goût.
- Sans goût, sans goût ! Dis tout de suite que ma g'and mè'e avait pas de goût, hurlait désormais Boumie visiblement remis de sa minute « émotions ». Tu vas connaît'e le goût du « Boumie Maste' Punch ».
- Silence ! lança alors le Capitaine qui commençait à se lasser de ce désespérant spectacle. Dewon, avez-vous fini avec ces fusées ?
- Oui capitaine, cria le canonnier affairé à l'autre bout du pont. David attache celle de la poupe. Quant à moi je règle les détonateurs... et... Voilà qui est fait !
- Tenez-vous prêts à mon signal, dit alors le capitaine d'un ton solennel en balayant son équipage du regard.

Attendu que l'Arcadia était suspendu au dessus de plusieurs centaines de mètres de chute libre, sans aucun moyen de naviguer à une telle hauteur, Dewon et Helard avait mis au point un système de fusée, qui devait à la fois permettre de quitter l'île assez rapidement pour coiffer au poteau la garde du potentat et retomber en douceur dans la zone navigable. 25 fusées à propulsion contrôlées avait alors été placées autours du navire. L'opération avait durée un bon quart d'heure. Elle aurait put être bien plus rapide, mais malheureusement, Boumie avait confondu la caisse de « branche de Nupalm » (un fruit rouge et succulent en forme de tube) et la caisse à fusée de Dewon. Sawin avait ainsi mit plus de 5 minutes à extirper le tube d'explosif coincé dans l'œsophage de la vigie (« ça à quelque chose de f'ust'ant, avait d'ailleurs dit celui-ci, comme si on me 'eti'ait le pain de la bouche »).

- Biens, repris le capitaine, accrochez-vous tous à quelque chose. Mise à feu !

Dewon pressa du pied un levier sortant d'une petite boîte rouge posée au sol. Aussitôt le bateau s'éleva dans les airs. Malheureusement, quelques fusées de tribord ne s'étaient pas correctement allumées, si bien que le navire fusait dans le ciel en penchant dangereusement.
Vicenzo qui avait attrapé in extremis la rambarde du bateau (puis l'avait lâchée, la trouvant « affreusementcollantedesaletésquellehorreur ») s'était envolé aussi bien qu'un merle sorti du nid et se retrouva accroché par le col au sommet du grand mât.
Heureusement, les fusées capricieuses s'activèrent alors que l'île de Gémalio n'était déjà plus qu'un petit point à l'horizon et l'Arcadia se posa tranquillement entre un gros nuage gris et un gros bateau violet...


- VIOLET !?!



L'Arcadia filait comme le vent. En deux heures, le bateau et son équipage avaient mit suffisamment de distance entre eux et Gémalio pour être assuré de ne pas avoir à affronter les patrouilles de sécurité, passablement surprises par leur fuite magistrale. De plus, ils avaient changé de cap à de multiples reprises, rendant impossible tout repérage. Ils se dirigeaient désormais vers une île du nom de « Magnolia », port autonome remplis de pirates, contrebandiers et autres flibustiers. Ils espéraient ainsi obtenir de précieuses informations sur Victoria dans le but de récupérer Edele (le plus attristé par la disparition de la cuisinière étant sans conteste Boumie donc les râles intestinaux résonnaient sur le pont depuis le poste de vigie).
Toutefois l'équipage n'était pas tranquille pour autant. Le grand galion violet croisé subrepticement à la suite de leur fuite semblait les avoir pris en chasse. Il disparaissait régulièrement en dessous de la couche nuageuse supérieure et réapparaissait toujours à une bonne distance depuis leur départ. Glandal avait été incapable de trouver dans ses registres le moindre vaisseau correspondant. Toutefois le capitaine ne semblait pas s'inquiéter outre mesure.

Mais une heure plus tard il s'écria enfin :

- Abaissez les voiles ! Il est temps de savoir ce qu'ils nous veulent. Et vous monsieur Longvue, veuillez arrêter de grignoter la balustrade du poste de vigie, vous nous faites perdre notre aérodynamisme.
- Pas de ma faute capitaine, répondit l'intéressé. Les bananes ça nou''ie pas son homme.

Il cessa cependant de se conduire en rongeur et sauta sur le mat le plus proche pour abaisser la voilure. Dewon semblait très enchanté par la perspective d'un combat furieux et caressait son nouveau canon en lui murmurant des mots doux.

- Et voilà l'homme qui mu'mu'e à l'o'eille des canons ! rigola Boumie en se saisissant de Vicenzo qui se retrouva la tête en bas.
- Mais ! Mais ! Arrêtez, je viens de me coiffer, hurla le mousse en se tortillant comme un ver pour se dégager de l'étreinte de la vigie.
- Boumie, peux-tu arrêter de traumatiser ce pauvre garçon, soupira Sawin.
- Ah ? Dommage. Il à pou'tant la tête assez du'. Ca m'au'ait fait une a'me de p'emie' o'd'e.

Il laissa alors tomber le malheureux pour s'intéresser à un tub métallique qui traînait sur le pont arrière.

- Vous ferriez mieux de vous regarder ce qui se passe par là, lança alors Abby entre l'amusement et le désespoir.

En effet le bateau mystérieux s'était avancé à hauteur de l'Arcadia et avait également baissé ses voiles. Une musique cacophonique s'éleva alors du pont. Composée essentiellement de tambours et de cuivres elle sonnait comme une mauvaise musique de cirque. Une vingtaine de canons étaient alignés sur le pont. Chacun d'entre eux était peints en rouge avec des étoiles blanches.

BOOM.

Tous les canons tirèrent soudains. L'équipage de l'Arcadia surpris par une telle réactivité (alors qu'ils n'avaient vue personne sur le pont du bateau adverse) s'étala un peu partout pour se protéger. David s'enfonça jusqu'au cou dans un tonneau plein de graisse et Sumire se coinça là tête dans le bastingage bâbord après une glissade mémorable. Quant à Boumie, il s'assit par mégarde sur Vicenzo qui couina de douleur. Sawin et le capitaine étaient quant à eux étaient restés debout à la barre.
Mais étrangement aucun boulet ne vint percuter l'Arcadia. Ce furent des hommes qui atterrirent un peu partout sur le pont (excepté deux qui disparurent sans demander leur reste par delà la couche nuageuse inférieure). Des hommes étranges toutefois. Ils étaient tous vêtus de costumes disparates, très colorés, faits visiblement d'étoffes de récupération. Deux d'entre eux jonglaient avec des tubes de dynamite allumés, un autre avait un caniche accroché à la jambe (l'animale semblait particulièrement apprécier le bas du pantalon bleu et vert car il ne cessait de remuer la queue). La plupart étaient munis d'instruments de musiques. Ils se mirent à jouer bruyamment tandis que deux autres, munis de plumes multicolores sur les fesses, réalisaient de périlleuses acrobaties.

- Je me demande comment ils font teni' leu' plumes, murmura Boumie en se tordant la tête pour mieux voire.

Un homme, plus petit que tous les autres, affublé d'in haut chapeau pointu, les pommettes agrémentées d'une grande quantité de maquillage rose et portant un grand pantalon bouffant s'avança et s'inclina respectueusement devant Dralan Helard.

- Bonjour mon ami, dit-il alors sur un ton pompeux, je me présente. Je suis le grand capitaine clown, animateur, instructeur, véliplanchiste, estomaqueur, ascenseur masseur en un seul mot Gritepec Macmacon. Et voici ma joyeuse troupe burlesque des Colimaçons Baveurs, tous fiers et heureux de servir sur le navire « la pistouille des mers ».
- Et que me vaut l'honneur de votre visite capitaine, demanda Helard d'un ton calme tout en croisant les bras.
- Capitaine clown, animateur...
- On a compris, répondez à ma question, coupa Helard une pointe d'agacement dans la voix.
- Ah ah ! repris l'autre. Je ne puise que vous dire Kazam !

Une gerbe d'étincelle jaillit alors du chapeau de Gritepec et une nuée de cotillons s'étalèrent dans les airs.
Un long cri s'échappa alors de la bouche de Sumire qui s'était rapprochée du capitaine.

- HOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO !
- N'ayez pas peur Sumire, dit alors Helard sans quitter Gritepec des yeux. Ce n'est qu'une bande de guignols sans danger, probablement là pour nous soutirer un peu d'or.
- Je n'ai pas peur capitaine, répondit Sumire passablement vexée et rougissant un peu, j'ai simplement le hoquet.
- C'est ça et moi je suis le 'oi des saumons, dit Boumie en entourant Sumire d'un gros bras musculeux.
- Constipé ! cria alors Gritepec.
- Mais pas du tout ! protesta Sumire. Un simple hoquet !

Mais Gritepec ne semblait pas du tout s'intéresser à Sumire. Un grand homme au crâne rasé, la peau entièrement recouverte de peinture blanche et vêtu d'un costume noir très serré s'avança à côté de son capitaine.
- Constipé, repris celui-ci, veux-tu présenter à ces messieurs dames le programme du spectacle à venir.

Le dénommé Constipé déroula alors un parchemin d'un longueur très exagérée et se mit à lire d'une voix nasillard :

- Sur le fond comme sur la forme nous vous disons très cher Capitaine Helard que nous sommes heureux et enchantés par-dessus tout de nous trouver à votre bord ce jour. Notre troupe s'est longuement préparée à cette rencontre et c'est sur ce petit poème que commenceront les réjouissances.

« Comme la prune dans l'aube du matin
Comme le vent à l'orée des chemins
Si peu de temps pour tout vous dire
Si peu d'argent pour nous nourrir
N'ayant envers vous d'animosité aucune
C'est le cœur plein d'amertume
Que sans détours nous comptons
Vous envoyer illico par le fond »

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