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La Cité des Cieux, monde des îles et des bateaux volants...
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3 août 2007

Chapitre 35 par Zinzingue - Où on découvre le terrifiant paternel de Ryan

Au dessus de l'Arcadia, le brouillard s'épaississait tandis que le silence regnait sans que personne, y compris Ryan, toujours en retrait, n'osa bouger. Sauf Dralan, qui avait l'air rassuré, et qui s'approchait de « M. Masque en chef » en tendant la main...
- Aaah, encore un parent d'un des membres de notre équipage ? Que me vaut le plaisir de...
- Cap'tain ! Cria alors Ryan en se relevant brusquement, faites attention !
Mais Dralan, toujours quelque peu assourdi par les précédents événements, ne l'entendit pas et continua à s'avancer vers l'inconnu. A vrai dire, ces derniers temps, il avait été habitué à la venue de parents des membres de son équipage, et la dernière en date avait elle aussi fait une entrée fracassante. « Ca doit être purement parental », pensait Dralan.
Mais lorsque sa main fut assez proche de celle de l'homme masqué, celui-ci la saisit rapidement et une seconde plus tard, Dralan embrassait le plancher du pont, immobilisé.
Les hommes de l'Arcadia se raidirent, et le regard de Sawin lançait des éclairs en direction de l'inconnu. Mais l'intéressé le remarqua pas, il y avait trop de brouillard...
- Dites, dit-elle, pouvez-vous nous dire quelles sont vos intentions, qu'on sache si on doit vous attaquer ou non ?
- Je ne vous conseille pas d'essayer, sinon la nuque de cet homme serait brisée avant que vous n'ayez eu le temps de dire « à l'assaut » !
- Faites-lui confiance, fit la voix de Ryan au loin, il ne plaisante pas !
- RYAN ! Je te conseille de te montrer, sale petit morveux, sinon je pourrais bien considérer ça comme une attaque et alors je ne donnerai pas cher de la peau de ton capitaine !
Sawin comprit que Ryan avait raison : cet homme ne plaisantait pas ! En temps normal, pensa-t-elle, les autres auraient déjà attaqué, mais le brouillard, de plus en plus épais, était un obstacle majeur. Et ce fut l'une des rares fois dans sa vie de navigatrice ou elle voyait la présence d'une telle purée de pois comme une véritable bénédiction ! Cependant, cela n'enlevait rien au fait qu'ils étaient dans une délicate position, et Sawin ne savait comment agir.
Mais elle n'eut pas à réfléchir d'avantage, car la silhouette de Ryan apparut.
- Je suis là, père, tu peux le relâcher...
M. Rudcliff sembla hésiter ; à vrai dire, c'était dans sa nature de tuer, particulièrement des innocents. Ryan savait qu'il aimait ça, et lorsqu'il ne les tuait pas, il les exploitait dans les usines de sa firme, dont Ryan ignorait totalement ce qu'il y produisait, mis à part ces abondants nuages rouges et polluants. C'est pourquoi Ryan avait toujours détesté et fui son père. Mais aujourd'hui, il était là, et il tenait Dralan Helard en joue. Il adorait tuer les gens. Alors pourquoi il s'en priverait-il aujourd'hui ?
- Laisse-le tranquille, reprit Ryan, qui tâchait aux mieux de dissimuler son angoisse, laisse-les tous tranquille, c'est moi que tu veux, je suis là...
Mais pour toute réponse, son père se mit à ricaner. Un rire sombre et froid qui résonna dans le brouillard, à donner des frissons dans le dos.
- Puisque tu as l'air d'aimer les ultimatums, continua Ryan, impassible, je vais t'en soumettre un : si tu tue un membre de l'Arcadia, ne serait-ce que la mygale d'Abby, je me jette par dessus bord. Si tu es venu me chercher jusqu'ici, c'est que tu as besoin de moi, tu ne me laisserais pas faire ça...
Ces paroles firent alors ressurgir le peu de ce qui restait de paternel en M. Rudcliff. Un enlèvement à l'amiable, c'était une honte dans sa carrière, mais dans ces conditions, il valait sans doute mieux procéder ainsi, tant que la nouvelle ne se répandait pas au sein de la machiavélique civilisation « Thunder » qu'il présidait. Après avoir compté rapidement la somme dont il allait devoir se délester pour acheter le silence de ses deux acolytes ici présents, il desserra l'étreinte autour de Dralan, qui se releva difficilement et tituba, avant d'atterrir dans les bras de Sawin (à moins que se soit Sawin qui le rattrapa). Mais aussitôt, ce fut Ryan qui finit coincé, dans les bras d'un des hommes de main de son père, cette fois-ci. Comprenant qu'il allait irrémédiablement et rapidement être séparé se son équipage, il bredouilla alors, espérant que la personne à laquelle ses dernières paroles s'adressaient l'entendrait, là, pas très loin derrière le brouillard opaque :
- Sumire, je... je t'aime...
Mais celle-ci était partie discrètement chercher à tâtons son journal de bord dans sa cabine...
Deux nouvelles silhouettes venant de nulle part choisirent alors ce moment précis pour atterrir au beau milieu de l'attroupement dans un long vol plané, non sans bousculer et entraîner certains dans leur chute, et apportant très vite une grande confusion. M. Rudcliff, qui se croyait attaqué, se jeta dans le tas et s'ensuivit un combat à l'aveuglette qui s'avéra plus long que nécessaire. En effet, personne ne remarqua que, comprenant que tout cela était vain puisqu'il tenait déjà son fils entre ses griffes, M. Rudcliff se glissa très vite hors de la bataille et intima ses deux compères à se replier sur leur navire. Lorsque les hostilités aveugles sur le pont de l'Arcadia cessèrent, Ryan et son père s'étaient déjà envolés bien loin dans l'infinité céleste.
- Ca y est, je le tiens, disait la voix de Dewon.
- Moi aussi, répliquait Abby.
- Non, c'est moi que tu tiens, lança Boumie.
- Mais non, c'est moi qui te tiens, rétorqua David.
- Et moi, qui me tient ? Siffla Vincenzo.
- Si seulement on y voyait plus clair, s'exclama la voix de Ludolf.
C'est alors que le brouillard se dissipa... du moins, juste sur un périmètre de quelques mètres autour d'eux !
- Quel est donc encore ce phénomène, s'extasia Dralan, le nez en l'air.
- Mais, mais, les hommes masqués ne sont plus là, remarqua Sawin !
Dralan baissa alors la tête et remarqua l'évidence : aucun de leurs assaillants n'avait été assailli à leur tour. Ils s'étaient envolés, et Ryan avec ! Sans aucune moindre information sur la direction qu'ils avaient prise. Il n'y avait plus aucun espoir de retrouver le jeune marin dans l'immédiat...
- Mais alors, en fait, qui je tiens ? Fit Dewon.
Il baissa les yeux à son tour et poussa une exclamation de surprise :
- VICTORIA ?
- AZIZ ? S'écriait Abby en même temps.
- C'étaient donc eux, les deux silhouettes qui se sont étalées sur moi ? Fit Edele.
Victoria poussa alors un grognement de rage :
- Rhâ ! Aziz ! Les autres sont partis, on a perdu notre chance !
- Mais madame...
- Idiot ! Si tu n'avais pas stupidement trébuché, on aurait pu atteindre leur passerelle sans se faire voir !
- Oulà, du calme là, intervint Dralan. Si vous nous expliquez d'abord comment vous vous êtes évadés de la cale ?
Il s'avéra qu'un des boulets des canons de M. Rudcliff avait traversé le plafond de la cale, offrant la possibilité aux deux prisonniers de s'échapper par cette issue après avoir entassé quelques caisses sous l'orifice. Ils avaient vite compris la situation sur le pont, et, cachés par le brouillard, avaient essayé d'atteindre sans être vus la passerelle du vaisseau qui avait assailli l'Arcadia. Mais comme on l'avait déjà compris, Aziz avait trébuché, emportant sa patronne avec lui dans sa chute, et ils avaient atterri tous les deux au beau milieu du petit groupe, provoquant le combat qui s'en était suivi, et pendant lequel M. Rudcliff et ses hommes s'étaient enfuis.
- Cela me fait penser, intervint Glendal, comment diable êtes-vous remontés des Terres Sombres lorsqu'on vous y a abandonnés ?
- Bah, au point où on en est, je peux bien vous raconter ça, commença Victoria. Nous étions coincés, mais nous avions une roue de secours, quelqu'un qui nous suivait de près pour nous sortir du pétrin au cas où cela tournerait mal...
- Nathan, bien sûr, acheva Edele d'un ton à la fois haineux et plein de tristesse.
- Exactement ; bien sûr, il n'a pas osé descendre dans les Terres Sombres, mais voyant que nous étions entourés de cette sphère protectrice, il nous y a fait parvenir des petits vaisseaux téléguidés dont nous avons par la suite pris le contrôle pour remonter. C'est avec ces petits engins, basiques mais assez rapides, que nous vous avons suivis, puis précédé à Gémalio.
- Et qu'avez-vous fait de Druard ? S'enquit Sawin.
- Il nous a faussé compagnie avec son engin. Nous n'avons pas cherché à le retenir, il n'était qu'un pion dans notre jeu et il n'était pas dangereux. Le pauvre a du filer se réfugier quelque part !
Ces révélations furent suivies d'un moment de silence désemparé, qu'une voix joyeuse et innocente vint rompre :
- Coucou ! J'ai raté quelque chose ?
Tous se retournèrent et restèrent bouche-bée en voyant Sumire, apparaissant dans le cercle sans brouillard, le journal de bord à la main.
- Bah quoi ? Je suis allé chercher le journal, mais je me suis trompée de porte quatre fois, à cause du brouillard...

Dans les heures qui suivirent, alors que le brouillard se dissipait enfin, régnait sur l'Arcadia une activité inégale et confuse, tout le monde se révélant très perturbé par le départ soudain d'un de leur marin, et néanmoins ami. Victoria et Aziz furent immédiatement ligotés et enfermés à clé dans la cabine du capitaine, après quoi celui-ci ordonna à David et Abby de réparer les multiples trous laissés en souvenir par M. Rudcliff (« surtout ceux de la cale, disait Dralan, je ne veux pas garder ces deux déchets dans ma cabine plus longtemps ! »), ce à quoi le mécanicien et la jeune fille s'activèrent assidûment. Non moins active, Edele remettait de l'ordre dans sa cuisine, frottant et bichonnant particulièrement sa poêle cabossée qui une fois encore était revenue de loin. Dewon en faisait de même avec ses chers canons, qui lui avaient fait encore gaspiller quelques précieux projectiles. Sawin quant à elle, soignait Arabella Longvue, qu'ils avaient retrouvé dans un sale état dans la cabine de Boumie, tandis que ce dernier déprimait encore, perché en haut de son mât, le regard perdu dans l'horizon des nuages. Sumire n'était pas dans un état très éloigné de celui de la vigie. Elle avait appris, confuse, l'enlèvement de Ryan, mais personne ne s'était résolu à lui raconter ce que celui-ci avait révélé avant de partir. Cependant, elle se demandait bien pourquoi Vincenzo se mettait à la fuir dès qu'elle s'approchait de lui, prétextant qu'il avait oublié de recoudre un trou de sa tunique ou de repasser ses dentelles froissées par le combat.
Pendant ce temps, Glendal et Ludolf s'étaient enfermés dans la cabine du cartographe, et discutaient de l'étrange phénomène qui avait eu lieu sur le pont, lorsque le brouillard s'était subitement dissipé autour d'eux. A l'évidence, ils avaient compris ce qu'il s'était passé et s'étaient mis d'accord pour expliquer à l'équipage qu'il s'agissait d'un phénomène électromagnétique généré par la pierre noire de Glendal au contact du brouillard dont les particules bipolaires avaient subi un phénomène de répulsion face à la charge de la pierre. Après cette discussion, Glendal s'en retourna dans ses cartes en donnant un ouvrage à son nouveau protégé, qui se plongea dedans. Sur la couverture, des lettres brodées de fil d'or indiquaient : « La guerre des Iles Alkaïr »...

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