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La Cité des Cieux, monde des îles et des bateaux volants...
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3 août 2007

Chapitre 28, par Maranwë : Où Edele se libère comme une grande

- Vous en pensez quoi, capitaine ? demanda Sawin en se tournant vers l'intéressé, alors qu'elle tenait toujours la barre dans la direction indiquée par les pierres noires.

- Ils nous croient assez stupides pour tomber dans un piège aussi grossier, répondit-il d'un air amusé. Eh bien, allons donc nous jeter dans la gueule du loup !

- Y a une baga''e en p'évision, cap'taine ? demanda Boumie, les yeux plein d'étoiles, comme un pit-bull au régime pensant qu'il va avoir droit à un steak.

- C'est fort possible, en effet, répondit Dralan avec un grand sourire.

Et tandis que Boumie repartait vers son mat en se frottant les mains sur une succession de « Chic, chic, chic » on ne peut plus joyeux, que Dewon, qui avait surpris la conversation d'une oreille plus qu'indiscrète, fila comme un boulet vers ses canons pour les bichonner en vue d'un affrontement, le capitaine sortit une longue-vue empruntée gracieusement à la vigie et scruta le ciel en bavardant gaiement avec son second de la beauté des nuages.
Sur le pont supérieur, la nouvelle d'un futur affrontement s'était déjà répandue comme une traînée de poudre, puisque Dewon avait débarqué en grand fracas auprès de son « maître », l'oncle de David, en déclarant qu'ils pourraient bientôt tester leur nouvel équipement. Par conséquent, chacun s'affaira dans son coin en arborant un sourire impatient, car il est bien connu que les pirates sont à la bataille ce que les sardines volantes sont à l'huile.

- Je me demande si Edele va bien, murmura Sumire alors qu'elle était accoudée sur le bastingage, et qu'elle aurait bien continué à compter les mouettes qui suivaient l'Arcadia si son estomac ne venait pas de produire un grognement semblable à ce qu'on entend lorsqu'on s'approche d'un morse ailé.

A quelque raisonnable distance de là, une petite main s'agitait entre les barreaux d'une fenêtre, probablement celle d'une cabine bon marché, cherchant un mécanisme à débloquer ou un écrou à dévisser. Quelques gémissements de douleur se firent entendre, puis, dépitée, Edele renonça à une énième tentative désespérée d'évasion et s'assit par terre, haletante. Elle eut à peine le temps de reprendre son souffle quand quelqu'un ouvrit grand sa porte.

- Laissez-moi tranquille, répondit Edele, les yeux flamboyants, en voyant entrer Nathan puis Victoria sur ses talons.

-Tu n'as toujours pas touché à ta nourriture, fit Victoria avec une expression faussement peinée.

Elle regarda l'assiette posée à terre, remplie d'une mixture verte plus ou moins douteuse, et l'unique croûton de pain qui flottait dedans –une véritable insulte au palais d'une cuisinière chevronnée.

- Je venais juste te dire que l'Arcadia est tout près d'ici, qu'ils sont à ta recherche et qu'ils ne vont pas tarder à te trouver, déclara Nathan. Du moins, c'est ce que j'espère.

Edele se retourna vivement vers la fenêtre, cachant ainsi à ses ravisseurs la lueur d'espoir qui lui avait traversé le visage, en même temps que l'inquiétude de voir tout l'équipage tomber dans la machination qu'elle avait entendue depuis sa cabine.

- Madame, ils vont arriver dans la zone, déclara l'homme-corbeau en rentrant dans la petite cellule.

-Bien, répondit Victoria avec un sourire mauvais. Donne l'ordre de charger les canons... Je me charge du reste.

Au moment où elle allait passer la porte, précédée par Nathan Sea, Edele eut une de ces inspirations qui vous vient avec l'énergie du désespoir et qui vous fait oublier la plus élémentaire des règles de prudence. Saisissant son « repas », elle lança l'assiette comme un frisbee vers sa tortionnaire, qui s'écroula sur Nathan au moment où elle fut frappée à la nuque. Edele s'empressa d'enjamber le couple, cloué au sol et repeint en vert algue, et s'enfuit à travers le bateau.

-Et maintenant, je fais quoi ? murmura-t-elle, cachée dans un coin, en se demandant combien de secondes seraient nécessaires à ses poursuivants pour la retrouver.

Comme une réponse, un matelot sale et aussi peu avenant qu'un phacochère n'ayant pas pris de bain depuis des mois déboula devant elle. Mais, au moment où il fondit sur elle dans un grognement terrible, la jeune fille esquiva et s'empressa de fuir, pour se retrouver sans trop savoir comment devant les barques de sauvetage. Au loin, un autre grognement suivi d'un cri suraigü lui indiqua que le matelot s'était pris une deuxième bosse, celle-ci de la part de Victoria. Et Edele sauta sans plus tarder dans une des barques, juste après avoir pris une dernière précaution, à savoir abaisser tous les leviers sur le tableau de commandes électriques.

-AZIZ, LUMIERE ! s'époumona Victoria, au bords de la crise de nerfs, soudain plongée dans un noir de nuit sans étoiles.

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