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La Cité des Cieux, monde des îles et des bateaux volants...
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3 août 2007

Chapitre 32, par Seth - Où on chante l'Oléus, l'estomac et les dents de la mère (en ré mineur).

Beau comme l'ondine, glissant tel un esprit sur les vapeurs miroitantes des nuages, l'Oléus Miropodine était en quête de nourriture. Toutes ses écailles vibraient d'impatience à la perspective de déguster une juteuse crevette d'écume ou un délicat anchois miroir. Le soleil à son zénith promettait une belle journée, et l'oléus était heureux. Depuis trois jours il était père d'une bonne centaine de petits alevins. Couvée modeste dont la taille réduite s'expliquait par le petit creux qu'avait eut sa compagne juste après l'éclosion. Lui-même avait ensuite dévorée cette dernière, découvrant avec grand plaisir la finesse gustative de l'Oléus Miropodine femelle farcie aux alevins.
Pour son espèce, cet Oléus était une star. Par trois fois il avait été péché par des humains et par trois fois il avait réussi leur échapper. Même s'il ne mesurait que 20 centimètres, sa capacité à bondir et rebondir lui avait permis de s'enfuir au nez et à la barbe des bipèdes. Depuis lors il était persuadé que même les algues se prosternaient en le voyant passer. Il n'était pas né l'être qui le mangerait. Et ce ne serait surtout pas une de ces grandes bestioles sans nageoires.
Plongé dans ses pensées, l'Oléus ne pu voir arriver la frêle embarcation qui s'approchait sournoisement de lui. Et quand une paire de mâchoire se referma sur lui, il ne put qu'entendre « Voilà ce qui a''ive quand on est t'op su' de soit ga'çon ».

***

- Mais où est donc passé ce Boumie !
- Aux dernières nouvelles, Sawin, il vagabondait au niveau des cales, répondit aussitôt Sumire, avide de raconter tous les potins du navire et traînant derrière elle un Vicenzo dont les dents raclant le sol laissaient une longue marque sur le pont du bateau. Un peu comme vous le faites quand le capitaine n'est pas auprès de v...
- Merci Sumire, coupa Sawin visiblement agacée, et puis lâchez ce pauvre Vicenzo avant que je vous fasse enfermer pour « dégradation du matériel de piraterie à l'aide d'un outil incongru ».
- Je suis sur que vous venez d'inventer ce chef d'inculpation ! se plaignit Sumire en se dressant sur la pointe des pieds pour tenter d'être plus impressionnante. Mais vous ne me ferez pas taire ! Avec moi camar...

Malheureusement une turbulence soudaine fit tanguer violemment le navire et la dite Soumire se retrouva aussitôt envoyée dans les bras d'un Glendal Funrir estomaqué et surtout... étouffé et renversé.

- Pourquoi cherches-tu Boumie, dit doucement Edelé, un grand cabas dans une main et sa sempiternelle casserole dans l'autre.
- J'ai besoin de sa force pour qu'il ouvre... quelque chose.

A ces mots, Sumire pourtant apparemment assommée, se redressa d'un bond (directement dans le menton de Glendal qui essayait de la relever).

- Hai... je pense qu'en tant que membre du même équipage, s'enflamma Sumire en se frottant la tête, nous devrions avoir le droit de savoir de quoi il s'agit. Nous sommes tous dans le même bateau et si cette chose qui doit être ouverte contient quelque chose de dangereux, probablement une grosse bête poilue et pleine de pattes (à ces mots, Vicenzo s'enfouis dans ses dentelles comme une tortue dans sa carapace) ou au contraire un trésor, il me semble juste qu'il soit partagé entre tous, même si vous voulez le voler pour payer votre nuit de noces avec...

BAM

AIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !

Un étrange projectile vert émeraude munis de nombreux piquants acérés venait de s'encastrer avec violence dans l'oreille gauche de Sumire qui hurlait comme une baleine asthmatique. Sa casserole à bout de bras et un autre projectile prêt à être éjecté, Edele (qui n'aimait pas qu'on embête Sawin) regardait froidement Sumire tenter d'arracher les piquants qui s'étaient incrustés sur toute la moitié de son visage tout en tentant de sauter sur la cuisinière... avant de renoncer, remarquant que le sac de cette dernière contenait des dizaines d'objets du même genre.

- Notre repas de ce soir, sourit cruellement Edele. Une fois les piquants retirés et qu'on les a farcis, ces plantes sont délicieuses.
Puis sans rien ajouter elle se retira dignement (du moins c'eut été fort digne si un poisson volant ne vint pas lui atterrir en plein visage).

- Chère Sumire, lança Sawin, mi amusée, mi furieuse, cette mystérieuses chose que je dois ouvrir si tu veux savoir, c'est ma trousse à manucure qui est coincée depuis deux jours.
- Ah ! Montrez ! S'enthousiasma Vicenzo sautant littéralement hors de ses dentelles (qui composaient l'intégralité de son habillement du jour), euh... Oups...
- Je peux la faire exploser si ça peut rendre service, lança Devon en passant par là, un baril de poudre sous le bras.


Sawin n'eut pas le temps de décliner la proposition. Un cris effrayant glaça tout l'équipage.

« Pa' le Saint Ba'il ! C'est une catast'ophe, une calamité, nous sommes pe'dus. C'est la fin de tout. J'ai faim. On en 'échape'a pas. Le monde ne 'ésiste'a pas à ça. Bonjou' capitaine. Je ne veux pas mou'i'e si jeune. 'elevez-vous voyons capitaine. Pou'quoi, mais POU'QUOI !!! »

Déboulant sur le pont, la vigie hystérique s'affala devant Sawin (suivit de près par un capitaine qui avait eus la mauvaise idée de croiser Boumie et sa voix mélodieuse au détour d'un couloir et qui semblait ne plus rien entendre du tout). Le grand gaillard d'habitude si combatif sanglotait comme un bébé, se mouchant d'une main et mangeant un des mystérieux légumes piquant d'Edele de l'autre (ni pelée, ni confite, il mâchouillait la pauvre plante, épines comprises).

- Elle a''ive, elle a''ive ! sanglotait-il en se roulant sur le dos.

« Mais qui ? » demandèrent une bonne moitié de l'équipage (désormais réunis au complet sur le pont supérieur, ameuté par les vociférations de la vigie).

- Elle a''ive, je le sens dans mes t'ipes. Ma mè'e a''ive !

***

- C'est le troisième qui casse capitaine !
- Quoi ? Que dites-vous Abby ? Parlez plus fort !
- C'EST LE TROISIEME QUI CASSE CAPITAINE ! ELLE EST TROP LOURDE.
- Non je n'y suis jamais allé et de toute façon je déteste les épices Abby. Mais je crois que vous pouvez abandonner cette méthode, c'est le troisième treuille qui casse.
- C'EST EXACTEMENT CE QUE JE DISAIS CAPITAINE !
- Mais vous m'ennuyez à la fin avec vos épices. Je vous dis que je n'aime pas ça.
- MAIS...
- Je vous interdis de me parler de la sorte ! Ce n'est pas de ma faute si ma tante était unijambiste...

A bord de l'Arcadia, la situation était confuse. Boumie était tombé dans une sorte de sommeil paradoxal provoquant des curieux gémissements mais dont il semblait impossible de le soustraire, le capitaine était toujours sourd et une femme prétendant être la mère de Boumie attendait dans une barque d'être remontée sur le pont. Malheureusement la dite femme devait être au moins aussi haute que Boumie et au moins deux fois plus large. Quand ce n'était pas le câble qui lâchait, c'était les armatures.
Finalement la femme à bout de patience prit son élan (coulant de ce fait son embarcation) et sauta par-dessus le parapet... au dessus du pont supérieur... au dessus du grand mat... et retomba avec la douceur d'une météorite sur le pont... et le traversa pour atterrir directement dans la chambre de Boumie. Boumie qui s'envola littéralement, apparemment bien réveillé. Et atterrie lui-même sur Glendal qui de ce fait disparu à travers le plancher directement dans la cuisine et plus précisément dans une grande marmite bouillonnante. Suite au « Mon ragout ! » rugissant d'Edele, Vicenzo sauta dans les bras de Sumire qui marcha directement sur le pied de Devon qui lâcha le sac de bombes rebondissantes qu'il tenait dans les mains. Ces dernières ricochèrent sur tout le bateau et tombèrent dans le ciel... enfin plus exactement sur une baleine carnivore qui se retrouva instantanément pulvérisée en morceaux d'importance variable. Le plus gros d'entre eux atterri directement dans les bras de la mère de Boumie, qui était remontée sur le pont et goba la chaire tendre en trois coups de mâchoire.

Après avoir fini de se lécher les doigts, madame Boumie se présenta comme il se doit.

- Bonjou' à tous. Je suis A'abella Longvue. Et je suis la mè'e de ce fils indigne de Boumie. Depuis qu'il est pa'ti, pas une let'e, pas un poisson voyageu'. 'ien ! Alo' me suis dit que je devais veni' voi' pa' moi-même au milieu de quelle bande de fénéants et aut'es déchets de la natu'e il s'était integ'é. C'est vous le 'esponsable à qui j'aime'ais di'e deux mots ? demande-t-elle soupçonneuse au capitaine qui s'approchait d'elle.

Ce dernier n'ayant pas retrouvé son ouie, essaya de répondre le plus logiquement à ce qu'il pensait que la femme avait dit :

- C'est un très grand honneur pour nous chère madame que de recevoir une invité de marque telle que vous et vos délicieux mots de salutation si délicatement choisis ne font que révéler quelle finesse et quelle âme se cachent derrière cette force et cette bravoure !

- Voilà qu'il me fait le coup du phoque qui voulait plai'e au calama', répondit la femme tout en détournant la tête pour que le capitaine ne puisse pas voir le sourire gêné qui se dessinait sur ses lèvres.
Puis elle se retourna vers son fils et lui lança d'un ton cinglant « J'imagine petit ing'at que tu n'as pas dit à tes amis, fo't cha'mants d'ailleu's (elle marqua une pose pour faire un clin d'œil au capitaine), qui était ta mè'e. »

A la mine livide (eh oui c'est possible) de son fils, la femme soupira et poursuivi :
« Je suis donc A'abella Longvue, leade' et chanteuse du t'ès céleb'e g'oupe de musique « les Baleines 'êvent Aussi ».

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